Une exposition à découvrir au Château de Lavardens (Gers), jusqu’au 16 novembre 2025
Il est des personnages que la fiction n’invente pas, mais qu’elle révèle. D’Artagnan, flamboyant héros né sous la plume d’Alexandre Dumas, est de ceux-là. Loin d’être une simple silhouette de roman ou un écho d’estampe ancienne, il incarne une tension vivante entre l’histoire et le mythe, entre l’action et l’idéal. Figure de panache, certes, mais surtout figure de vertu. De cette vertu agissante qui ne cesse de défier le temps.
D’Artagnan. Héros gascon – Un homme, un mythePour le Franc-Maçon, D’Artagnan est bien davantage qu’un mousquetaire. Il est un symbole. Celui de la progression intérieure, du combat pour la vérité, de l’attachement fraternel et du respect d’un serment silencieux. De ses premiers pas à Lupiac à sa fin héroïque à Maastricht, son existence évoque ce que tout initié pressent : que l’homme n’est jamais plus grand que lorsqu’il se met au service de quelque chose de plus grand que lui.
Blason de Lavardens
C’est cette trajectoire exemplaire – à la fois enracinée dans l’Histoire et suspendue dans l’imaginaire – que le Château de Lavardens, noble vaisseau de pierres juché sur les hauteurs gersoises, convie chacun à explorer à travers une exposition exceptionnelle : « D’Artagnan. Héros gascon – Un homme, un mythe ».
Un itinéraire entre mémoire, légende et lumière
Quatorze salles d’exposition, comme autant de stations initiatiques, déploient le parcours de Charles de Batz de Castelmore. On y découvre l’homme réel : lettres manuscrites, pièces d’uniforme, récits de batailles, témoignent de son engagement sans faille. Les objets prêtés par le Musée de l’Armée, les archives du Service Historique de la Défense, rendent justice à celui qui fut un soldat loyal et un serviteur du roi.
Mais ce sont aussi les métamorphoses de ce destin que l’exposition donne à voir : l’icône littéraire, forgée par Dumas ; le héros de cinéma, des premiers films muets aux adaptations les plus récentes ; le personnage transfiguré par la bande dessinée et la culture populaire mondiale. De Paris à Tokyo, de Hollywood à Mexico, D’Artagnan traverse les genres, les langues, les formes, comme une étoile dont l’éclat ne faiblit jamais.
Lavardens, le villageDe la glaive à la lumière : un dialogue des arts
Au fil de la visite, un subtil tissage relie la mémoire au mythe. Le costume blanc d’un mousquetaire devient écran pour un vidéo-mapping saisissant. Les murs du château se prêtent à des projections immersives. Les gravures de Maurice Leloir, les bois du Vicomte de Bragelonne, les archives cinématographiques, les objets dérivés, les timbres, les jouets, deviennent autant de reflets d’une figure devenue archétypale.
La sculpture contemporaine dialogue avec l’épopée ancienne : ainsi, la version de travail de la statue équestre de D’Artagnan par Daphné Du Barry, muse de Salvador Dalí, dévoile son processus créatif – comme une élévation lente, du plâtre à la gloire.
Des conférences pour éclairer l’épopée
Un cycle de conférences vient prolonger l’exposition. Historiens, écrivains, iconographes, biographes scrutent les visages multiples du héros gascon : sa généalogie, ses compagnons, sa postérité, son mystère. Pour l’œil profane, ce sont des savoirs ; pour l’œil initié, ce sont des degrés.
Quelques rendez-vous à ne pas manquer… En savoir plus : Accès aux conférences via le Pass Conférences (5 ou 10 entrées), gratuit pour les moins de 18 ans. En savoir plushttps://bit.ly/46Gc5mRChâteau de Lavardens, GersUne exposition pour tous, un récit pour chacun
Jeunes visiteurs, familles, passionnés d’Histoire ou d’aventures romanesques : tous trouveront, dans cette exposition, matière à rêver, à apprendre, à ressentir. Des ateliers pédagogiques, des visites guidées, des initiations à l’escrime, un escape game… autant de portes ouvertes pour s’approprier ce panthéon vivant.
Le château de Lavardens : un écrin de pierre au destin singulier
Mentionné dès 1140, le château de Lavardens, posé sur son éperon rocheux, fut d’abord forteresse des comtes d’Armagnac, puis ravagé par les troupes de Charles VIII. Offert par Henri IV à Antoine de Roquelaure, il devient au XVIIe siècle le théâtre d’un rêve architectural inachevé. Abandonné, morcelé, ruiné, il faillit disparaître. En 1979, Hubert Mothe fonde une association pour le sauver. Depuis, le monument revit, animé par une vision où culture et transmission se conjuguent. Pour le Franc-Maçon, cette renaissance incarne un acte de fidélité à la mémoire, un devoir de sauvegarde, et l’expression tangible d’un engagement à faire vivre ce qui élève, éduque, éclaire. À Lavardens, la pierre devient message.
Château de LavardensPourquoi visiter ?
Parce qu’au fil de cette exposition, on ne rencontre pas seulement un héros, mais une étoile du devoir, de la fidélité, du courage. Parce que derrière le panache, on découvre l’initiation. Parce que D’Artagnan, sous sa rapière, porte une boussole.
« Un pour tous, tous pour un »
Cette célèbre devise immortalisée par Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas en 1844, n’est pas née sous sa plume, mais c’est bien lui qui lui a donné sa forme définitive et sa résonance universelle. Il en fait le serment fraternel qui unit d’Artagnan à ses trois compagnons d’armes – Athos, Porthos et Aramis – dans une solidarité indéfectible, où l’individu s’efface devant le groupe, et où le groupe protège chacun de ses membres. Mais cette formule dépasse le simple pacte de cape et d’épée. Elle condense en quelques mots une philosophie de l’engagement, une éthique du lien, une mystique de la fraternité. Elle peut se lire comme un condensé poétique d’un idéal maçonnique : chacun est responsable du tout, et le tout est solidaire de chacun. Nul ne s’élève seul ; nul ne combat isolé ; chacun œuvre pour la lumière commune.
Dans le silence des Temples, elle résonne comme un écho discret des serments partagés, un mot de passe entre l’individu et la communauté, entre le moi et le nous. Elle dit la verticalité du don, l’horizontalité du lien, et l’universalité du devoir.
Ainsi, à Lavardens, cette devise gravée dans l’imaginaire populaire retrouve une profondeur initiatique. Et si, derrière l’éclat du panache, elle révélait le secret d’une fraternité active, vivante, engagée ?
Infos pratiques : Château de Lavardens – Gers (20 min d’Auch)
Ouvert tous les jours : 10h–12h30 / 14h–18h – Dernière entrée : 1h avant la fermeture/Durée de visite conseillée : 1h30 minimum – Illustrations : Site Château de Lavardens https://chateaulavardens.fr/ ; Wikimedia Commons
Vue aérienne de Lavardens