Ouverture à l'ésotérisme

Ouverture à l’ésotérisme
Il est des ouvrages que l’on n’ouvre pas seulement pour lire, mais pour être lu par eux. Ouverture à l’ésotérisme de François Lorre appartient à cette catégorie rare, où la page devient miroir et le mot, sentier. À travers un style à la fois limpide et fraternel, l’auteur nous invite à poser un regard neuf – initiatique – sur ce que d’aucuns nomment l’ésotérisme, et que d’autres fuient sous prétexte de complexité, d’obscurité ou de suspicion. Ce livre ne prétend ni dévoiler l’indicible ni réduire à une grille fixe ce qui par nature échappe aux cadres. Il propose au contraire un éveil du regard, une disposition intérieure à entrer dans la symbolique du monde comme on entre en Loge : en silence, avec humilité, animé d’une curiosité vigilante.
Ouverture à l'ésotérisme
Ouverture à l’ésotérisme
François Lorre, ancien cadre chez Kodak, Franc-Maçon de la Grande Loge de France depuis 1982, est un homme de traversée. Marié à une Vietnamienne, nourri des spiritualités d’Extrême-Orient, initié dans la tradition du Rite Écossais Ancien et Accepté jusqu’au 30e degré, il est de ces passeurs qui font dialoguer l’expérience vécue et l’héritage symbolique. Ce n’est donc pas un traité dogmatique que livre ici l’auteur, mais un témoignage éclairé, mûri par des décennies de quête intérieure, un fruit lentement mûri à l’ombre des colonnes du Temple et à la lumière de la contemplation. L’ouvrage s’ouvre comme un portail, par une évocation très guénonienne : « l’écorce et le noyau ». Il s’agit ici de passer du visible à l’invisible, de la forme à l’essence, selon un mouvement analogique cher à toute tradition hermétique. L’ésotérisme est présenté non comme un champ de savoirs occultes à thésauriser, mais comme un art de vivre, une attention au monde, une manière d’interroger la surface pour en déceler les profondeurs. En cela, François Lorre s’inscrit dans une lignée de pédagogues du mystère, qui savent que toute initiation commence par un trouble, une soif, une faille à explorer. À chaque page, l’auteur fait dialoguer traditions et cultures, sans jamais figer le sens. Il emprunte à Confucius, à Tagore, à Lin Yutang, à Carrel, à Hugo, à Guénon ou encore à Trinh Xuan Thuan, pour tracer un itinéraire qui est autant un cheminement de pensée qu’un pèlerinage intérieur. Ce voyage, il le conçoit dans la double dimension du déplacement extérieur et du retournement intime, selon cette sagesse du Tao qui fait de chaque pas un miroir de l’Être. Le voyage ésotérique est pour lui une montée – non vers un au-delà dogmatique – mais vers une élévation de conscience, un affinement du regard.
Ouverture à l'ésotérisme,, 4e de couv.
Ouverture à l’ésotérisme,, 4e de couv.
La musique, la poésie, la calligraphie, les mythes, la liturgie, les rituels… tout devient chez lui support de méditation, réceptacle de sens caché. Rien n’est profane, puisque tout est signe. L’écriture, qu’elle soit kabbalistique ou symboliste, devient un alphabet sacré à déchiffrer. Et la musique, qu’elle émane des sphères célestes ou d’un canon de Pachelbel, devient onde vibratoire susceptible de toucher les profondeurs de l’âme. François Lorre évoque ces résonances subtiles avec une sincérité désarmante, s’appuyant sur ses propres expériences pour transmettre l’émotion vive d’une élévation. Mais surtout, ce livre est un chant d’amour pour l’ésotérisme vécu comme une voie d’accomplissement, non comme une connaissance élitiste. Le langage du symbolisme y est présenté comme une grammaire universelle, une clé qui ne s’impose pas, mais qui s’apprivoise, se vit, se mérite. Il insiste : la Vérité n’est pas donnée, elle se découvre à travers l’effort, l’épreuve, le silence, l’étonnement. Elle est dans la tension entre visible et invisible, dans l’intervalle entre les lettres, dans le rythme entre les sons. Elle est relation, vibration, intuition. Le style de François Lorre est à l’image de sa pensée : simple sans être simpliste, accessible sans renoncer à la profondeur. Il convoque des souvenirs personnels, évoque ses lectures, cite des auteurs initiatiques, partage des anecdotes comme des paraboles. Le récit devient alors didactique au sens antique du terme : il éveille. Il parle du secret non comme d’un coffre-fort sacré, mais comme d’une lumière intérieure qu’aucune parole ne peut totalement traduire. Le secret devient silence fertile, substrat du sacré. En cela, Ouverture à l’ésotérisme est une véritable planche tracée à ciel ouvert. Elle s’adresse autant au Franc-Maçon en quête de Lumière qu’au profane curieux des mystères de l’Univers. Elle s’adresse aussi à celui qui, dans le tumulte du monde, sent confusément qu’une autre écoute est possible, une autre lecture du réel. Car comme l’écrivait Victor Hugo, « la forme, c’est un peu du fond qui remonte à la surface ». Ce livre, précisément, fait remonter à la conscience une part de ce fond que chacun porte en soi – et qu’il revient à chacun d’interroger.
Éd. Le compas dans l'oeil
Éd. Le compas dans l’oeil
Dans le Temple intérieur que chacun est appelé à construire, ce livre pose une première pierre précieuse. Non pas une pierre brute à tailler, mais une pierre déjà chantante, vibrante, invitant à l’accord, à l’harmonie, à l’élévation. François Lorre nous rappelle que l’ésotérisme n’est pas une fin, mais un passage. Une porte, un seuil, une césure. Et qu’il faut parfois des mots très simples pour dire les mystères les plus hauts. C’est ce qu’il accomplit ici, avec la sagesse tranquille de ceux qui n’ont rien à prouver, mais beaucoup à transmettre. Ouverture à l’ésotérisme François Lorre – Le compas dans l’œil, 2025, 144 pages, 12 €
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