Avec ce premier ouvrage, Henri May trace une voie : une voie d’or et de feu, de chair et d’esprit, où la parole frôle la prière, et la confession devient offrande. Il s’agit bien là d’un écrin de lumière contenant des gemmes d’expériences intimes, bouleversantes, souvent indicibles, livrées avec une sincérité nue et désarmante. À l’image de l’arbre foudroyé en couverture – symbole à la fois de l’éveil et de la brûlure divine – ce texte est traversé par l’éclair de l’invisible. Il s’y joue l’irruption du mystère dans le quotidien, la percée de l’ineffable dans les interstices de nos certitudes rationnelles.
L’auteur, initié à de nombreuses voies – Franc-Maçonnerie, Reiki selon la méthode originelle d’Usui, mystique rosicrucienne – invite ici le lecteur à un voyage où l’âme se dénude, se révèle, et s’offre comme partenaire d’un dialogue intérieur sans fin.Les saisissements de l’âme !
Un souffle prophétique anime la prose d’Henri May. Nous ne sommes pas dans le témoignage anecdotique ni dans l’ésotérisme de salon : c’est une matière vibrante qui s’ouvre, traversée de visions et d’éclats, à la manière des récits mystiques d’un autre temps. La structure même du livre – libre, sinueuse, poreuse – épouse les contours d’une expérience qui déborde le langage, mais qui tente pourtant, avec humilité et ferveur, d’en recueillir l’écume.
Ce qui saisit d’abord, c’est l’appel. L’appel de l’Invisible. L’appel d’une âme, ou plutôt de l’Âme, dans sa forme la plus universelle mais aussi la plus incarnée. Cette âme n’est pas une abstraction. Elle est vivante, vibrante, amante. Elle parle, elle veille, elle attend. Elle est cette part de nous que l’on a oubliée, délaissée, piétinée parfois, mais qui, inlassablement, revient frapper à la porte du cœur.
Henri May en a fait l’expérience, dans un instant de grâce où la banalité du quotidien s’est transfigurée sous l’effet d’une Présence. Une femme, perçue d’abord avec les filtres de l’égo, se métamorphose soudain en une figure de lumière, de Beauté pure, irradiant de sens, de vérité, d’amour. Ce bouleversement intérieur, cet ébranlement profond, constitue l’axe secret du livre. C’est l’événement fondateur, le retournement initiatique par excellence, où le Moi se déleste enfin de ses scories, où l’homme ordinaire entrevoit la splendeur de sa nature divine.
L’ouvrage explore ces saisissements comme autant de chocs de conscience. Henri May ne cherche pas à convaincre, encore moins à prouver. Il témoigne. Il met à nu ses intuitions, ses résistances, ses égarements aussi. Il les offre, non comme des vérités figées, mais comme des passerelles vers d’autres mondes, d’autres perceptions, d’autres manières d’être au monde. Les récits de lévitation, de bilocation, de clairvoyance, ne sont pas là pour susciter la curiosité spectaculaire : ils balisent un territoire où l’âme retrouve sa souveraineté, où l’humain réapprend à habiter le silence, l’intuition, la présence.
Dans une perspective résolument initiatique, Les saisissements de l’âme ! se présente comme une œuvre de transmutation. Il s’agit de mourir à soi-même, à ses illusions, à ses peurs, pour renaître dans une conscience plus vaste, plus unifiée, plus reliée. L’auteur insiste sur la nécessité de déconstruire les conditionnements mentaux, les schémas hérités, les réflexes égotiques, pour accéder à une intelligence du cœur, une lucidité bienveillante, une foi sans dogme. Ce cheminement rappelle celui du Franc-Maçon qui, par le travail symbolique, émonde la pierre brute de son être pour en faire un temple vivant, un miroir du Grand Architecte. Henri May, par ailleurs, ne cache pas son ancrage dans les hautes sphères de la Franc-Maçonnerie spirituelle. Ce n’est pas un hasard si les trois figures de Saint Jean – le Baptiste, l’Évangéliste, le visionnaire de Patmos, nom donné à l’auteur de l’Apocalypse – sont invoquées comme les archétypes de l’âme guide, messagère, révélatrice. La référence est claire, mais subtile. Le livre s’adresse à tous les chercheurs de vérité, Maçons ou non, mais il parle un langage qui résonnera profondément dans les Loges intérieures de ceux qui ont été initiés. Il s’agit de « reconnaître la voix », comme dans les textes johanniques. De discerner, au-delà du bruit, l’appel du Verbe.
Ce n’est donc pas un traité d’occultisme, ni un recueil mystique, ni un témoignage personnel au sens strict : c’est une œuvre-pont. Une invitation à se laisser traverser, à s’ouvrir à l’ineffable, à accueillir l’extraordinaire non comme un divertissement, mais comme une responsabilité spirituelle. La multiplicité des expériences rapportées – parfois anecdotiques, parfois bouleversantes – dessine peu à peu une cartographie subtile de l’être. L’auteur tisse un lien constant entre les dimensions physique, psychique, énergétique, spirituelle. Il redonne ses lettres de noblesse au corps, ce temple vivant à l’écoute du souffle. Il invite à une réconciliation globale, où chaque sensation devient un rite, chaque émotion un symbole, chaque relation un miroir de l’unité.
Reiki en japonais
Henri May est né à Paris en 1956. Très jeune, il est touché par l’extraordinaire : rêves prémonitoires, perceptions extrasensorielles, états modifiés de conscience. Ces expériences, longtemps tues, le mèneront vers les grandes voies initiatiques : il s’engage dans la Franc-Maçonnerie, où il chemine au sein du Rite Écossais Ancien et Accepté, explore le Reiki selon la méthode USUI, la mystique rosicrucienne, et les traditions spirituelles d’Orient et d’Occident. Il est aujourd’hui un passeur, un médiateur de l’invisible, qui œuvre à l’éveil des consciences à travers conférences, écrits et accompagnements. Les saisissements de l’âme ! est son œuvre majeure, le fruit d’un long compagnonnage avec la Lumière. Une œuvre née non d’un besoin d’écrire, mais d’une nécessité intérieure de transmettre.
Éd. Maïa
Dans la forêt des livres contemporains, souvent désenchantés, souvent bavards, celui d’Henri May est un arbre ardent. Il brûle, il éclaire, il irradie. Et il invite chacun à entendre enfin ce que l’âme murmure, à chaque instant, depuis le fond du silence.
Les saisissements de l’âme !Henri May – Éditions Maïa, coll. Spiritualités, 2025, 208 pages, 21 €