À ne pas manquer au Salon du Livre et de la Culture de la Grande Loge de France :
Éric Giacometti sera présent le samedi 14 juin pour une conférence exceptionnelle intitulée « L’imaginaire, une voie initiatique », de 11h00 à 13h00 dans le Grand Temple Pierre Brossolette.
Blason Salon du Livre et de la Culture GLDF
À cette occasion, nous vous proposons une lecture approfondie de son dernier ouvrage, véritable fresque symbolique où science, art sacré et traditions oubliées s’unissent dans un récit qui questionne l’éveil de la conscience.
Il est des livres qui ne se contentent pas de raconter, mais qui révèlent. Et d’autres, plus rares encore, qui, en révélant, transforment. Les Éveillées d’Éric Giacometti appartient à cette seconde catégorie ! Celle des ouvrages qui ne se feuillettent pas à la manière profane, mais qui se traversent, comme un temple sans murs dont chaque chapitre serait une stèle vivante, un degré gravé de feu et de silence.
Immédiatement, le ton est donné. Le roman s’ouvre sur un rite. Non pas celui que nous connaissons dans le secret des Loges, mais un sacrifice empreint de l’ivresse mystique des peuples premiers. Sur la pierre chaude de Teotihuacan, un cardinal, figure de l’ordre dogmatique, s’élance dans le vide, porté par l’ayahuasca et l’appel d’une vérité plus haute. Ce geste inaugural est un choc de mondes, une brèche ouverte dans le mur des certitudes. C’est le point d’embrasement d’un récit qui ne cessera, dès lors, d’explorer les tensions entre verticalité sacrée et rationalité desséchée.
Les Éveillés GiacomettiLà où l’on aurait attendu un simple thriller ésotérique, Éric Giacometti bâtit un parcours initiatique. Trois figures en quête : Agathe, la profane en éveil, dont le sommeil est rompu par un sifflement que nul ne perçoit ; l’ethnologue, archétype de l’intellect chercheur, revenu d’Amazonie porteur de connaissances enfouies ; le Vatican, enfin, institution tremblante au bord du dévoilement. Ces personnages incarnent les trois piliers d’un parcours symbolique : l’expérience, la connaissance, et l’épreuve de l’institution. Chacun est confronté à l’invisible, à l’indicible, à l’initiatique.
Au fil du récit, on comprend qu’il ne s’agit pas seulement d’une narration, mais d’une Loge ouverte en plein air, un laboratoire d’alchimie spirituelle. Paris, Rome, Teotihuacan… Autant d’Orients où la Parole circule, sous d’autres formes, en d’autres langues. Et pourtant, c’est la même quête qui s’y dessine. Celle de l’Un, du sens caché, de la lumière enfouie dans les replis de la pierre et les méandres du cerveau.
La pyramide du Serpent, la chapelle Sixtine, les fresques de Michel-Ange. Ces lieux sont des temples en négatif, porteurs de symboles oubliés que seul l’initié peut entendre. L’ayahuasca n’est pas ici qu’une simple substance psychotrope. Elle devient le miroir d’un cabinet de réflexion, un réactif intérieur. Le voyage provoqué par la plante rappelle le passage de l’Apprenti dans les ténèbres, la rencontre avec ses ombres, le vertige de l’ignorance.
Éric Giacometti, dont la collaboration avec Jacques Ravenne a déjà permis de populariser les arcanes de la Franc-Maçonnerie auprès d’un très large public, pousse ici l’exploration plus loin. Sans être initié lui-même, il parvient à traduire l’esprit du rituel dans la structure même de son récit. Il fait de la page un parvis imaginaire, et du lecteur un compagnon de quête, engagé sur un chemin semé de signes.
Ce que vit Agathe, c’est le bouleversement du premier degré : l’arrachement au profane, l’appel intérieur, la rupture d’avec le monde connu. Son sifflement est un « fiat lux », un signe de convocation.
Logo JC Lattès
Mais là où l’initiation traditionnelle procède par degrés, Les Éveillées avance par éclats. Chaque révélation est un choc, chaque personnage est un miroir. L’ethnologue lit les fresques comme un Maître lit le tapis de Loge : il y cherche la géométrie cachée, l’ordre sous le chaos, les signatures invisibles. Il devient l’œil qui voit au-delà du voile, celui qui sait que la clef est souvent dissimulée dans l’anamorphose.
Le roman chemine ainsi vers une apothéose spirituelle : l’union du masculin et du féminin sacrés, non pas comme simple figure mythologique, mais comme nécessité ontologique. L’Agathe éveillée devient Sophia, l’ethnologue devient Logos. Ensemble, ils forment le Rebis, ce double être des alchimistes, image de la conscience réconciliée. Une œuvre qui parle donc à la fois aux initiés du Temple et aux pèlerins de la Connaissance.
Éric Giacometti, 2024
Enfin, l’œuvre frappe par sa puissance symbolique, sa langue ciselée, son art du mystère. Éric Giacometti a compris ce que signifie vraiment “éveiller”. Il ne s’agit pas d’informer, mais de troubler pour révéler, de déséquilibrer pour instruire. Comme dans toute véritable initiation, l’essentiel n’est pas ce que l’on apprend, mais ce que l’on devient.
Les Éveillées est plus qu’un roman, plus qu’un simple thriller, comme le souligne d’ailleurs, en première de couverture, son éditeur. C’est un rituel de papier, un temple sans murs, un miroir tendu à ceux qui cherchent. Et ceux qui savent lire entre les lignes y verront scintiller la flamme d’un Orient éternel.
Les Éveillées Éric Giacometti – JC Lattès, 2025, 304 pages, 20,90 € – Format Kindle 14,99 €