Le Bon Sens ? Philosopher avec le sens commun

Le Bon Sens ? – Philosopher avec le sens commun
Il est des mots qui, par leur simplicité apparente, semblent voués à l’oubli ou à la moquerie dans les cénacles où l’intellect cherche à s’exalter. « Sens commun » en fait partie. Et de citer Voltaire et son Dictionnaire philosophique (1764)… Pourtant, sous la plume d’Oscar Brenifier, ce syntagme si souvent méprisé devient le foyer d’un feu discret, mais inextinguible. Il éclaire. Il réchauffe. Il aiguise. Il oblige, surtout, à revenir à l’essentiel : ce lieu partagé où la pensée peut s’éprouver sans se dissoudre, où le dialogue peut naître sans se perdre dans le chaos des subjectivités.
Le Bon Sens ?
Le Bon Sens ?
« Philosopher avec le sens commun », c’est, selon Oscar Brenifier, faire un pas de côté sans renier la Terre. Ce n’est ni refuser les hauteurs de la spéculation, ni s’abandonner aux platitudes du consensus. C’est chercher le tremblement du vrai dans ce qui nous relie, dans cette étincelle d’accord premier qui rend possible la parole, la pensée, la rencontre. Car avant de s’élever, il faut s’entendre, et pour s’entendre, il faut un sol. Le sens commun n’est pas ce sol informe que l’on foule sans y prêter attention. Il est ce socle invisible que l’on éprouve chaque fois que, malgré la divergence des voix, quelque chose en nous fait écho. Une résonance. Un commun, peut-être. Oscar Brenifier, docteur en philosophie, est une figure majeure de la pensée en acte. Lauréat de nombreux prix – parmi lesquels le prix de la Presse, le prix France Télévisions et le prix La science se livre –, il incarne une philosophie vivante, traduite dans plus de trente langues, nourrie par l’échange, tournée vers l’autre, qu’il déploie avec la rigueur du formateur et l’écoute du consultant. Son œuvre irrigue la pédagogie, l’éducation, la cité elle-même, en la traversant d’un regard exigeant mais toujours accessible. Il a contribué à la diffusion des pratiques philosophiques dès l’enfance, refusant de cloisonner la pensée dans les réserves académiques. En ce sens, son travail s’inscrit dans une tradition initiatique au sens fort : éveiller, mettre en mouvement, faire passer. Dans ce petit livre, d’une densité rare, chaque page est une pierre d’attente. Oscar Brenifier ne propose pas un traité, mais un parcours intérieur, une marche à travers les aspérités du langage et des évidences supposées. Il questionne notre rapport à la logique, à la causalité, à l’accord tacite qui sous-tend nos discours. Il révèle la fracture intellectuelle là où nous pensions bâtir du lien. Il montre que le groupe ne garantit pas le commun, que la parole, loin d’être naturellement claire, suppose une ascèse, une purification, une discipline du sens. À travers un style limpide, sans jamais céder à la facilité, Oscar Brenifier nous invite à éprouver l’intelligence comme un acte d’humilité. Penser ne se réduit pas à dire ce que l’on croit, mais à risquer sa pensée dans celle d’autrui, à confronter son propre discours à la rigueur du dialogue. Ainsi, la logique cesse d’être un carcan pour devenir une voie : non pas une autoroute où l’on file tout droit, mais un labyrinthe où chaque bifurcation est un appel à plus de clarté, à plus de fidélité au réel. Nous sommes ici au seuil d’un enseignement maçonnique fondamental : ce que nous croyons tenir pour évident mérite d’être examiné à la lumière d’un compas intérieur. Le sens commun est ce lieu symbolique où se rencontrent les pierres taillées du jugement individuel et les colonnes porteuses de la vérité partagée. C’est le pavé mosaïque de la pensée : il s’y entremêle le noir du doute et le blanc de la conviction. Refuser ce sol, c’est se condamner à bâtir sur le sable. L’accepter, c’est honorer la sagesse des Anciens, cette sagesse que la Maçonnerie cultive sous les noms de raison, d’harmonie et d’équilibre. Ce qu’Oscar Brenifier dévoile, c’est que la philosophie n’est pas un jeu de l’esprit réservé à quelques élus, mais une voie de transformation – une alchimie lente du langage et de l’écoute, où la pierre brute de l’opinion peut devenir pierre polie du dialogue. Il faut pour cela consentir à perdre pour comprendre, à se perdre parfois, pour mieux se retrouver dans la parole de l’a
Oscar Brenifier
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utre. Voilà un enseignement profondément initiatique : la vérité ne s’impose pas, elle se révèle à mesure que nous nous y disposons. Le Bon Sens ?, loin de toute mièvrerie, est un appel à la rigueur intérieure. Un rappel que penser ensemble suppose un travail sur soi. Que le sens commun n’est pas donné, mais conquis. Et qu’en définitive, philosopher, c’est s’exercer à la fraternité de l’esprit. Dans ce sillon, l’ouvrage s’inscrit dans une lignée philosophique et maçonnique où le Logos n’est pas abstraction désincarnée, mais verbe vivant, souffle qui éclaire le monde. Le lecteur attentif y retrouvera l’écho des Anciens – Aristote, Descartes, Kant – mais aussi l’évidence de son propre cheminement, car ce texte est une invitation à se reconnaître, non dans ses certitudes, mais dans sa quête. Oscar Brenifier nous tend un miroir. Il n’y reflète pas nos visages, mais ce qui nous rend capables de parole et de lien : la lumière fragile, mais tenace, d’un sens que nous acceptons de partager. C’est dans cette lumière-là que le Franc-Maçon avance, entre les colonnes du Temple, les yeux ouverts et le cœur vigilant.
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Le Bon Sens ? – Philosopher avec le sens commun Éditions ancrages, coll. Pratiques philosophiques, 2025, 80 pages, 10,90 €      
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