Être Chevalier au XXIe siècle – Honneur, Service, Transcendance

Il est des livres qui ne se feuillettent pas, mais qui se reçoivent, comme une épée tendue à l’âme, un appel vibrant à l’élévation de l’être dans un monde souvent engourdi par la pesanteur du matérialisme. Être chevalier au XXIe siècle est de ceux-là. Ce texte appartient à la collection « Voie de la Connaissance », dirigée par Yonnel Ghernaouti, où chaque ouvrage se veut pont entre l’initiatique et le monde profane, entre la verticalité de la Tradition et les urgences du présent. Ce titre, en particulier, en est l’un des joyaux : sobre, fort, intemporel.

Le comte Olivier Chebrou de Lespinats, avec une plume à la fois sobre et vibrante, offre ici non un traité, encore moins une nostalgie d’armures rouillées, mais un véritable viatique pour l’Homme de Désir — ce Frère intérieur que tout initié, tout chercheur de lumière reconnaît en lui. Chevalier du verbe comme du cœur, l’auteur ne ressuscite pas un passé révolu, il transfigure une Tradition. Celle de l’Honneur, du Service, de la Transcendance, qu’il cisèle en trois mots qui, dans l’Atelier intime de chaque lecteur, se muent en trois colonnes : verticale de l’éthique, horizontale de la fraternité, oblique de la quête. La chevalerie n’est pas ici une galerie de tableaux historiques, mais une source d’eau vive, où l’on vient se désaltérer à l’ombre de la justice, du courage et de l’humilité. Olivier de Lespinats puise aux racines les plus profondes du symbolisme chrétien et initiatique – sans dogmatisme –, réconciliant l’Ordre et la Lumière dans une spiritualité incarnée. Issu de la noblesse poitevine, ancien élève des Jésuites, officier formé à Saint-Cyr, expert reconnu en gouvernance des collectivités et Grand Prieur de l’Ordre Militaire et Hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem, il déploie ici une vie tendue vers l’idéal. Mais c’est moins l’apparat que le cheminement intérieur qui intéresse l’auteur : la chevalerie comme voie de transformation. Nous sommes invités à repenser l’Honneur non comme une posture, mais comme une radiation de l’Être, une cohérence entre ce que nous pensons, disons et faisons. Le Service n’est pas une corvée mais une offrande – celle de son temps, de ses forces, de sa compassion. Quant à la Transcendance, elle n’est pas fuite hors du monde, mais engagement plus profond, conscience claire de l’invisible qui fonde le visible. Il y a dans cet ouvrage une liturgie laïque de la verticalité. Chaque page rappelle que le combat du chevalier n’est plus contre des ennemis armés, mais contre l’indifférence, la lâcheté, l’oubli du Sacré. Le glaive est devenu parole, la cuirasse, courage moral ; le destrier, fidélité à sa parole donnée. Les vertus cardinales s’y conjuguent à l’impératif d’agir — dans le silence, dans la discrétion, mais avec fermeté. Dans un monde saturé d’images et vidé de symboles, cet essai restitue aux mots leur poids d’âme. Il redonne au mot Chevalier son souffle initial : non celui du sang versé, mais celui du sang donné. Il nous rappelle que la dignité ne s’achète pas, qu’elle s’éprouve. Que la chevalerie n’est pas un déguisement d’époque, mais une nudité spirituelle. Et que le XXI^e siècle, dans son vacarme désenchanté, a peut-être plus que jamais besoin de ces sentinelles intérieures que sont les chevaliers modernes – discrets, actifs, constants.

La dimension maçonnique, bien que jamais nommée, imprègne l’ouvrage comme une trame invisible. Les allusions aux Ordres, aux rites, à la chevalerie mystique et à la chevalerie maçonnique font résonner dans le cœur de l’initié un appel silencieux. Ce texte est une planche intérieure. Il parle à celui qui œuvre à l’Orient de lui-même, et qui reconnaît dans chaque mot une mise en garde contre l’oubli de sa propre légende. Il faut lire cet essai comme on entre dans un Temple — sans bruit, avec respect, mais le cœur ouvert. Car chaque phrase porte une lumière, une étincelle de ce feu ancien que les siècles n’ont pu éteindre. Oui, la chevalerie est vivante. Elle est cet effort constant pour incarner ce que l’on croit, pour mériter ce que l’on dit, pour servir sans attendre. Elle est fidélité, vérité, fraternité. Elle est l’initiation permanente à une vie droite dans un monde courbe. Et lorsque, à la dernière page, se referme ce livre bref mais dense, il nous reste la sensation étrange mais profonde d’avoir reçu un message secret, une exhortation intime : celle de redresser la tête, d’ouvrir les bras et de marcher – non pour briller, mais pour éclairer.

Olivier Chebrou de Lespinats, né en 1961, est issu de la noblesse poitevine. Ancien élève des écoles Jésuites et de Saint-Vincent de Paul, il se forme comme ingénieur radio de la Marine Marchande, puis officier à l’école militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan. Son parcours professionnel l’a conduit à devenir un expert reconnu de la gestion publique, notamment à l’international. Parallèlement, il développe une réflexion profonde sur le symbolisme chrétien, les traditions équestres et les Ordres de chevalerie. Grand Prieur de France de l’Ordre Militaire et Hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem, il est décoré de nombreuses distinctions honorifiques. Auteur d’essais de référence dans le domaine de la chevalerie, il conjugue tradition, engagement spirituel et action au service du bien commun.

Être Chevalier au XXI^E siècle – Honneur, Service, Transcendance Olivier de Lespinats Éditions Numérilivre, coll. Voies de la Connaissance, 2025, 146 pages, 22 €